ARGENTINE & Covid-19: mais quelle y est la situation depuis plus d’un an ?

Pour ce 2nd épisode de notre tour du monde, direction l’Argentine, où vit Pierre Brière, gérant de l’agence ITK Voyage (présente aussi en Equateur et en Colombie). Découvrez l’état de la situation sur place à travers son œil de résident et aussi de professionnel es voyages à travers le pays.

Pierre bonjour,

Merci d’avoir pris le temps de répondre à quelques questions, nous sommes tous impatients d’en savoir un peu plus quant à la situation dans laquelle se trouve les argentins et si les voyages reprendront bientôt.

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1. Où en est la situation sanitaire en Argentine, après plus d’an de crise ? Y a-t-il des régions plus ou moins touchées ?

Nous venons de rentrer dans la seconde vague en Argentine. La région la plus touchée est Buenos Aires et sa province.

Il y a un an, au début de la crise sanitaire, l’Argentine a pris des mesures très rapidement (dès le 20 mars) quand il n’y avait encore que quelques cas de contamination dans le pays (confinement strict). Cela a permis d’éviter une saturation des services hospitaliers en début de crise.  Aujourd’hui, l’Argentine compte 58.000 morts du COVID, c’est environ 1300 morts par 1M d’habitants, par conséquent un peu moins qu’en France.

2. Quelles restrictions sont d’actualité pour la population ? Le protocole évolue-t-il positivement ? Quel est l’état d’esprit global des locaux ?

Un couvre-feu a été tout fraichement décrété par le Président Fernandez., de 20h à 06h mais ne sera pas appliqué au niveau national mais seulement à Buenos Aires.
Cela est dû a la recrudescence des cas de contamination de cette seconde vague. Les restrictions sanitaires dépendent ici de chaque province.
A titre d’exemple, au sein de notre province de Misiones, aucun changement ne devrait être observé. Les gestes barrières sont toujours bien entendu d’actualité ici ainsi que le port du masque mais la circulation est libre, la plupart des bars et restaurants sont ouverts (seuls les horaires d’ouverture ont été restreints). […] Les protocoles de sécurité sont globalement bien respectés

Puis, suite à l’annonce du nouveau couvre-feu, nous observons des réactions négatives sur les réseaux sociaux de la part des porteños. Il faut dire que […] à Buenos Aires, ils ont vécu un confinement de 9 mois (!, soit le plus long confinement du monde. Par conséquent, certains deviennent impatients de retrouver un rythme de vie normal. Buenos Aires, c’est aussi la ville de « La Furia », avec une vie nocturne particulièrement dynamique. Les gens peinent à s’habituer à un couvre-feu.

3. On parle beaucoup des laboratoires et de la campagne de vaccination en France, qu’en est-il en Argentine ?

L’Argentine utilise les vaccins suivants :le vaccin russe Spoutnik V, l’AstraZeneca, le Janssen, les vaccins chinois Sinovac/ Sinopharm et les vaccins nord-américains Pfizer et Moderna. Le vaccin russe est de très loin le plus utilisé. La campagne de vaccination semble bien se dérouler dans l’ensemble et est assez bien acceptée par la population.  5.200.000 personnes ont déjà reçu une première dose et 772.000 personnes ont reçu les deux doses (population argentine totale : 45 millions). Par conséquent, 11.5% de la population a déjà reçu une dose (contre 16.5% en France).

4. Nous observons en France une intervention assez forte des Autorités (aides financières de l’Etat) pour tenter de maintenir l’économie de multiples secteurs d’activités à flot, est-ce que cela a aussi été le cas en Argentine ? Quel est le (ou les) secteur(s) d’activité les plus impactés par la crise ?

L’Etat argentin a mis en place une aide sociale, appelée l’IFE en 2020 qui a pour but de venir en aide aux personnes dépendant du travail informel et quotidien. Les « monotributistas » (auto-entrepreneurs) y ont également le droit.

Cependant, de manière globale, cette aide ne compense pas du tout la perte de revenus que la crise a engendrée chez les personnes vivant du travail quotidien. Le montant de l’IFE est de 10 000 pesos (soit 60 €) par mois et ne peut être reçu que par une seule personne du groupe familial !

Les activités les plus impactées par la crise sont l’hôtellerie, la restauration et le monde du spectacle. Par exemple, à Buenos Aires, les hôtels se sont retrouvés durant les premiers mois de la crise avec un taux d’occupation proche de 0%. Les restaurants ont observé une chute de 40% de leur chiffre d’affaires.

5. Quel est l’état du tourisme réceptif en Argentine, tous acteurs confondus (hôtels, agences, autocaristes, etc.) ?

Comme un peu partout dans le monde, le tourisme réceptif se porte plutôt mal… Beaucoup d’hôtels en général très actifs et connus ont fermé leurs portes en 2020, en attendant que le tourisme international puisse reprendre du service. Beaucoup d’agences sont en « stand-by » et attendent patiemment que la situation sanitaire s’améliore pour retrouver leur activité commerciale.

6. Le tourisme domestique a-t-il pu ces derniers mois, permettre aux acteurs locaux de rester en vie ?

Dans le cas précis de l’Argentine, il y a effectivement eu une hausse importante du tourisme domestique. Etant nous-mêmes dans une région très touristique du pays (Misiones et notamment ses chutes d’Iguazu), nous avons pu observer dans les lodges locaux, dans les parcs régionaux et nationaux un tourisme modéré mais toutefois existant ! Les touristes proviennent principalement de Buenos Aires, Rosario et Cordoba.

Certaines mesures que j’ai trouvées personnellement intéressantes ont été prises au niveau de la Province. Par exemple, si le parc d’Iguazu se visite habituellement en toute autonomie, il a été décidé en 2020 d’imposer un guide à l’entrée du Parc. La participation est très accessible (400 pesos par pers. = environ 2 euros) pour un tour guidé du parc d’environ 6 heures. Il est vrai que si pour nous, habitués de cette région, le fait de visiter le parc d’Iguazu en groupe, avec un guide et un masque est plutôt déstabilisant au début ( !), l’effet positif incontestable de cette mesure est que les guides de la région ont pu maintenir un salaire mensuel très correct. Sans cette mesure, ils ne travailleraient presque plus depuis maintenant 11 mois !

Ces mesures, prises à différents niveaux et dans les différentes provinces d’Argentine font que beaucoup d’hôtels, lodges, guides etc. ont pu maintenir leurs structures ouvertes et ainsi survivre malgré une baisse importante de leurs occupations.

7. Quelles sont les conditions de voyage actuels pour les ressortissants français souhaitant partir en Argentine ? Est-ce prévu qu’elles soient assouplies rapidement ?

Pour rejoindre l’Argentine (hors motif impérieux), les conditions d’accès sont les suivantes :

  1. Présenter obligatoirement une déclaration électronique dans laquelle il faudra notamment préciser si le passager est passé dans les 14 derniers jours par un de ces pays : Royaume-Uni, Australie, Danemark, Italie et Pays Bas.
  • Cette déclaration doit être remplie 48 heures avant le vol.
  • Doit être montrée à l’embarquement du pays d’origine.
  • Devra être actualisée pendant le vol si le passager montre des symptômes de type toux, maux de tête, fièvre etc.)

2. Présenter un test négatif au Covid, réalisé 72h avant le voyage. Exception : Si la personne a contracté le covid-19 dans les 90 derniers jours et peut en attester par un test positif certifié. 

3. Réaliser un isolement de 7 jours une fois arrivé sur le territoire argentin (dans le cas d’avoir réalisé un test PCR 72h avant le voyage) et de 10 jours si le test est effectué à l’arrivée en Argentine.

4. Souscrire une assurance voyage spéciale pour étrangers non-résidents.  

Je pense que ces restrictions seront assouplies en fonction du taux de vaccination du pays émetteur. J’ose imaginer que d’ici Septembre, la situation aura évoluée de façon positive !