COLOMBIE & Covid-19: mais quelle y est la situation depuis plus d’un an ?

Alors que la Gouvernement français a opté pour une levée des restrictions sur le territoire national – selon un calendrier très stricte, la Colombie connait actuellement « sa » troisième vague et observe un retard dans les vaccinations.

Qui de mieux qu’une locale pour nous en parler plus précisément ? Laetitia Camara est gérante de l’agence ITK Voyage en Colombie. Découvrez sans plus attendre ses dires sur la situation sur place.

Bonjour Laetitia et d’avance merci pour toutes vos précieuses précisions !

1.Tout d’abord et très rapidement, où en est la situation sanitaire en Colombie, après plus d’un an de crise ? Y a-t-il des régions/provinces plus ou moins touchées ?

Actuellement nous sommes dans une nouvelle phase de restrictions avec couvre feu (horaires différents selon les régions). On met à nouveau en place le « pico y cedula » (ndlr : sorties en fonction du dernier chiffre pair ou impair de sa carte d’identité) pour se rendre dans les endroits publics (magasins, etc.).
En résumé, on entre dans la 3ème vague, et les plus grandes villes sont celles qui présentent le plus […] et les grandes villes connaissent un fort taux de cas de contagion. […].

On est à l’heure actuelle à plus de 71.700 morts dans le pays […] La plupart des grandes villes n’ont plus de place en soins intensifs, c’est pour cela qu’elles ont des restrictions plus strictes.

2. Quelles restrictions sont d’actualité pour la population ? Le protocole évolue-t-il positivement ? Quel est l’état d’esprit global des locaux ?

Depuis les vacances de la Semaine Sainte (fin Mars) et ce jusqu’au 19 avril, nous étions nouveau dans une phase de confinement partiel : couvre-feu , pico y cedula, et ley seca (pas le droit de vendre et consommer de l’alcool les weekends).

Ce confinement partiel signifie à nouveau la fermeture des sites touristiques (parcs, musées,…). Les bars et discothèques sont fermés. Seuls les hôtels et restaurants restent ouverts mais c’est surtout les livraisons à domicile qui sont sollicitées. Par contre les touristes quant à eux, peuvent se déplacer librement dans tout le pays on leur demande à nouveau d’avoir un test PCR négatif avant chaque vol domestique (car en Janvier et Février- ce n’était plus obligatoire). Bien entendu, le port du masque est toujours obligatoire partout.

[…] En règle générale, concernant le protocole, les entreprises doivent avoir leur protocole de biosécurité approuvé par les secrétariats de santé locaux. Chaque localité/région/département a des règles différentes en rapport avec le taux de cas Covid et le niveau d’alerte (orange, rouge). Ce sont dans les grandes villes où c’est plus compliqué de faire appliquer le règlement et il y a beaucoup de désobéissance. Dans les villages, les contrôles se font plus facilement et la population respecte un peu plus.

Les entreprises de transport, les compagnies aériennes les hôtels sont en général bon élève et appliquent à 100% les recommandations et les protocoles soumis par le Gouvernement.

3. On parle beaucoup des laboratoires et de la campagne de vaccination en France, qu’en est-il en Colombie ?

La campagne de vaccination est assez active. Il y a encore quelques semaines, seul le Gouvernement pouvait vacciner. Désormais, les prestataires de santé, les entreprises et même les particuliers peuvent acheter des vaccins directement auprès des laboratoires de fabrication ou des sociétés revendeuses. Bien entendu ce n’est que la théorie et ce que nous indique le gouvernement. Personnellement, je ne me risquerai pas à acheter par moi-même le vaccin auprès d’un tiers. En Colombie, toutes les « marques » de vaccins sont accessibles et autorisées mis à part le vaccin cubain.

4. Nous observons en France une intervention assez forte des Autorités (aides financières de l’Etat) pour tenter de maintenir l’économie de multiples secteurs d’activité à flot, est-ce que cela a aussi été le cas en Colombie ? Quel est le (ou les) secteur(s) d’activité les plus impactés par la crise ?

L’Etat colombien a mis en place une aide sociale, appelée la « PAEF » en 2020 qui a pour but de venir en aide aux personnes dépendant du travail informel et quotidien ainsi que pour les petites et moyennes entreprises. Cependant, de manière globale, cette aide ne compense pas du tout la perte de revenus que la crise a engendré chez les personnes vivant du travail quotidien. Le montant de la PAEF est de : 350.000 pesos par mois soit moins de 100€.

Les activités les plus impactées par la crise sont l’hôtellerie, la restauration et le tourisme (agences, compagnies aériennes et tous ceux qui dépendent indirectement de cette activité: guides, chauffeurs, artisans, paysans, communautés indigènes, …). Les restaurants (ceux qui avaient déjà de bonnes ressources) ont su vite s’adapter en organisant la vente à domicile, comme en France.

Cette pandémie a tout de même fait quelques « gagnants »: les services de livraisons à domicile, les « Rappy » ou « Domicilios » qui ont doublé voire triplé leur chiffre d’affaires depuis mars 2020.

En résumé, le Gouvernement tente de maintenir un équilibre entre la protection de la population et l’activité économique. Le secteur privé est en crise, 90% des micro/petites et moyennes entreprises sont sur le point de faire faillite ou ont déjà mis la clef sous la porte.

Les aides gouvernementales sont insuffisantes et en vérité ce sont les grandes entreprises qui reçoivent les aides telles que des prêts bancaires, etc.

En tant qu’entreprise du tourisme, aucune banque ne prêtera de l’argent, alors que même le Président avait annoncé des aides spéciales, des prêts accordés, des délais pour payer nos taxes, facture et impôts, etc., mais la réalité est toute autre.

5. Quel est l’état du tourisme réceptif en Colombie, tous acteurs confondus (hôtels, agences, autocaristes, etc.) ?

Les opérations internes fonctionnent à nouveau et sont réglementées. Pour le reste, nous dépendons des frontières aériennes et terrestres et les seules restrictions qu’il y a à ce jour, sont les confinements partiels (les we en général).

6. Le tourisme domestique a-t-il pu ces derniers mois, permettre aux acteurs locaux de rester en vie ?

Le tourisme local représente 30% d’avant cette pandémie. Les Colombiens en général voyagent beaucoup dans leur pays durant les vacances et surtout les jours fériés qui tombent toujours pour un long weekend (nous en avons beaucoup ici!).

Cela permet en effet, aux acteurs locaux de survivre un temps, mais malgré tout, beaucoup d’hébergements et d’agences ont fermé ou sont en train de le faire.

7. Quelles sont les conditions d’accès (et de voyages s’ils sont possible) actuelles pour les ressortissants français souhaitant rejoindre la Colombie (hors motif impérieux) ? Est-ce prévu qu’elles soient assouplies rapidement ?

On demande le test PCR pour chaque vol international et domestique: présenter un test négatif à la Covid, réalisé 72h avant le voyage.

Une assurance voyage est désormais obligatoire. Chez ITK Colombie, nous assurons (depuis toujours) nos clients lors de leurs séjours sur le territoire, nous sommes en partenariat avec une assurance locale qui couvre nos voyageurs durant tout leur circuit.

Et bien entendu le respect du protocole de biosécurité aussi bien les touristes que les agents du tourisme.